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Retour sur la 13e édition de Tout le Monde UX : L’Internet des objets

Par Pascale Morneau

13/02/2014

Jeudi dernier, le 6 février, se tenait la 13e édition de Tout le Monde UX, portant sur les objets connectés et leurs défis pour l’expérience utilisateur (UX). Ce fut l’une des meilleures soirées vécues à l’événement. Nous avons pu nous transporter dans un futur pas si lointain où les objets seront inévitablement connectés, et ce, dans une atmosphère amicale et dynamique. Voici une synthèse des trois excellentes présentations de Jeffrey Dungen de ReelyActive, Pierre-Alexandre Fournier de Hexoskin et Sébastien Morin de Mirego.

Jeffrey Dungen et les boutons invisibles

D’entrée de jeu, Jeffrey de ReelyActive nous transporte dans sa vision d’un monde truffé de boutons invisibles:
«L’ordinateur comprend que je suis ici et ce qu’il a à faire, pas besoin de bouton. C’est comme des boutons invisibles. Par exemple, l’ordinateur de la Coop Ecto pourrait déduire qu’il y a plus de 100 personnes là-dedans et fermer le chauffage!»

Le bouton invisible comprend trois éléments: le temps, l’identification et la localisation. L’identification et la localisation comportent des métadonnées qui permettent d’avoir un portrait précis des gens présents et du lieu. La combinaison de l’ensemble de ces éléments permet à un ordinateur d’interpréter son environnement. Dans un contexte donné et à un moment précis, la technologie peut alors réagir et intervenir sur les objets en temps réel, sans que personne n’ait à utiliser aucune interface. D’où le concept du bouton invisible, qui est activé sans l’intervention humaine.

Internet of thingsAvec l’Internet des objets, il n’y a pas d’interface et les boutons sont invisibles.

Real world context Le temps, la localisation et l’identification représentent le contexte du monde réel.

En ce moment, il y a une tonne de dispositifs qui permettent d’appuyer sur les boutons invisibles, mais encore très peu de ceux-ci ont été implantés. C’est pourquoi ReelyActive s’est donné cette mission de connecter les objets.

Le projet Log in to Life implanté à la Maison Notman depuis août 2012 est un bon exemple pour comprendre le pouvoir et les possibilités de cette technologie dans notre vie de tous les jours.

Pierre-Alexandre Fournier et les vêtements connectés

Depuis huit ans, Pierre-Alexandre et ses collègues de Hexoskin se sont engagés à offrir aux gens un accès aux données liées à leur propre santé. La question n’est pas anodine et comprend plusieurs aspects.

On consulte au sujet de notre santé seulement lorsqu’on ne se sent pas bien. Nous ne faisons pas un suivi constant de nos signes vitaux et de notre état de santé. De plus, même s’il nous est possible de vérifier nos signes vitaux, l’expérience de l’usager est pauvre et ne s’intègre pas harmonieusement aux contextes réels de vie. Pierre-Alexandre affirme d’ailleurs à cet effet: «Si l’on veut intégrer la technologie dans la vie des gens, il faut la cacher».

Présumant que la société du futur voudra avoir accès à des données sur sa santé, Hexoskin adresse ce besoin élégamment. L’entreprise donne le pouvoir aux gens de se mesurer eux-mêmes et d’avoir accès à leurs données de santé personnelle à l’aide d’un vêtement de corps connecté.

Qu’il s’agisse d’un sportif, d’une personne souffrant de troubles du sommeil, d’un policier, d’un astronaute, d’un acrobate ou d’un chercheur en santé, le vêtement Hexoskin peut fournir à celui qui le porte des données utiles et précises.

Le vêtement est connecté à Internet. Il communique les données au téléphone du propriétaire qui peut les partager avec quelqu’un d’autre. Un entraineur peut donc suivre l’activité d’un sportif qui porte le vêtement, par exemple.

HexoskinLe vêtement Hexoskin.

Test vêtementPierre-Alexandre Fournier fait le test du vêtement en direct et on peut même voir ses organes bouger.

Pour concevoir l’expérience utilisateur, Hexoskin a d’abord dû développer le logiciel et fait porter le vêtement par des clients testeurs pour obtenir des données. Fait intéressant, l’entreprise a pris la décision de ne pas fournir les appareils gratuitement. Les candidats ont alors payé 1 000 $ il y a quelques années pour l’obtenir et le tester.

Mentionnons enfin qu’Hexoskin offre des APIs pour développeurs d’applications Web et mobiles.

Sébastien Morin et les Google Glass

Sébastien nous partage son expérience récente avec les Google Glass. Il compare la vidéo de Google à son vécu:

«En vrai, ça ressemble un peu plus à ceci: des bogues Bluetooth…. regarder je ne sais pas trop où… avoir 45 minutes d’autonomie… la pile de mon cellulaire qui meurt aussi plus vite. Et puis, charger ses lunettes, ce n’est pas très pratique.»

Selon lui, l’expérience utilisateur des Google Glass n’est donc pas encore tout à fait au point.

D’un point de vue fonctionnel, il y a trois moyens d’interagir avec l’interface:

Par la voix, ce qui ne fonctionne pas vraiment bien pour l’instant, car il y a trop d’interférences avec les sons ambiants. De plus, l’appareil reconnait l’accent anglais américain et a beaucoup plus de difficultés avec les autres accents de la même langue.

Le toucher ne semble pas très approprié pour des lunettes. Sébastien illustre: «J’ai l’air de me caresser la tempe: je ne suis pas convaincu. Quant à ça, je vais prendre mon téléphone. »

Les gestes que l’on peut faire avec Google Glass sont cependant assez impressionnants. Il y a entre autres le clin d’œil exagéré que l’on peut utiliser, la forme de cœur avec les doigts pour faire un «j’aime» ou le cadre avec les mains pour faire une photo.

Autre fait impressionnant, les lunettes utilisent la conduction du son par les os. Sébastien mentionne la sensation de chatouillement dans son oreille quand il reçoit un appel. Ce sont des vibrations dans l’os et il suffit de toucher son oreille pour entendre de façon normale.

Sébastien enchaine avec les particularités de l’interface des Google Glass :

  • L’interface des Google Glass a été conçue autour du thème de la carte. Tout est une carte avec Google Glass.
  • La ligne de temps est aussi une des structures principales qui permet de naviguer dans l’interface.
  • Les menus contextuels permettent des fonctions assez poussées. Par exemple, devant un panneau informatif, Google Glass propose une bonne traduction de l’anglais au français.

AppleL’interface des Google Glass structurée comme une ligne de temps.

Sébastien résume également les défis assez nombreux que Google Glass doit surmonter:

  • Le petit nombre d’applications pour que le produit soit réellement utile.
  • Le look des lunettes n’est pas apprécié de tous.
  • La méfiance de certaines personnes devant quelqu’un qui porte les Google Glass. La protection de la vie privée est sans doute une préoccupation de la société actuelle.
  • Le champ de vision est partiellement obstrué par l’interface (située en haut à droite).
  • La petite taille de l’écran mesure à peine quelques centimètres carrés, ce qui présente un défi de conception d’interface adaptative important.

Les opportunités sont pourtant réelles. La technologie est créée et il ne manque qu’à rendre le tout simple d’utilisation. Sébastien cite d’ailleurs Apple:
«When technology gets out of the way, everything becomes more delightful». La réalité augmentée est également plus poussée et les Google Glass ouvrent la voie à son utilisation par toutes sortes de clientèles.

when technology«When technology gets out of the way, everything becomes more delightful.» – Apple

Sébastien a connu plusieurs frustrations avec les Google Glass mais a vécu des moments tellement magiques qu’il est convaincu que tout le monde en aura d’ici quelques temps. Même s’il est très impressionné par les possibilités de Google Glass, il affirme qu’il ne paierait pas une fraction du prix du prototype actuel (1 500 $).