De Montréal à Luxembourg
Par Pascale Morneau
28/09/2018
Hourra, des nouvelles sur mon blogue! Ça fait un bail que je veux écrire, et maintenant j’ai une belle occasion de le faire, puisqu’un grand changement se prépare pour moi. Mais avant la grande annonce, remontons le cours des nouvelles.
En novembre 2016, à Montréal, mon amoureux et moi avons fait nos valises en vitesse pour venir nous installer à Luxembourg afin que je puisse mener un projet de refonte du site Web de l’Université du Luxembourg.
Déménagement longue distance en pleine période de tempêtes de neige, au Québec
Arrivés à Luxembourg sans permis de travail, nous sommes aussitôt repartis en vacances dans l’attente du précieux document. Nous avons profité d’un magnifique voyage en Thaïlande. Après une année très chargée de grands projets et la pression d’un déménagement outre-mer, cette aventure était bienvenue.
À gauche, le magnifique lac de Cheow Lan. À droite, randonnée dans la jungle.
J’ai commencé ma mission à l’Université du Luxembourg en février 2017. Plus mon analyse des besoins progressait, plus je me rendais compte de la taille gigantesque de ce projet et de tout ce qu’implique la visibilité Web d’une université. J’avais travaillé avec plusieurs universités auparavant (Université Laval, Concordia, McGill, Universités du Québec), mais jamais je n’avais eu à aborder de façon holistique l’écosystème Web complet d’une université. Parallèlement, le manque d’attention portée aux plateformes Web de l’Université dans la dernière décennie faisait en sorte que chaque département avait des besoins criants pour ses pages Web.
Sans compter les nombreux besoins des utilisateurs. Et les départements nouvellement créés. Et le nouveau Learning Centre… Et ainsi grandit la liste des besoins et la complexité de mon mandat. J’allais de découverte en découverte. J’ai fait plus d’une centaine de rencontres, d’entretiens, de tests et d’ateliers pour comprendre les enjeux et la portée de ce projet colossal.
Portée envisagée de la refonte du site Web de l’Université du Luxembourg.
De longues journées de travail ont composé majoritairement mon année 2017 et une grande partie de ce temps était dédiée à ce que j’appelle la « politique organisationnelle ». Il y avait énormément de choses à faire et les moyens étaient limités. J’ai donc, en priorité, plaidé pour la mise en place de pratiques durables et la création d’une équipe digitale qui permettrait de construire une visibilité Web de qualité pour cette université. Mais malheureusement, une crise financière au sein de l’organisation est venue compliquer mon travail.
Malgré les grands défis, le projet était extrêmement intéressant et l’un des plus complexes que j’ai eu à faire. J’ai beaucoup appris sur l’UX, mais surtout, sur le management. J’ai fait des erreurs et j’ai compris beaucoup de choses.
J’avais beaucoup de gens pour me conseiller, mais très peu pour collaborer avec moi à la réalisation de livrables. J’ai alors eu la chance de recevoir deux très bons stagiaires qui m’ont aidé à faire avancer les choses plus rapidement. À l’été, j’ai fait de la place pour le travail concret. Nous avons produit un grand nombre de livrables. Il y a un aperçu de l’ensemble du projet dans mon portfolio.
Vincent Fourrier, l’un de mes collègues au travail sur les diagrammes d’affinités.
Voyant en novembre 2017 que les budgets ne venaient pas, je pris une pause du projet et suis allée à Montréal rattraper le retard avec VuWall, un client avec qui j’avais continué à collaborer sporadiquement. J’y ai passé deux mois fantastiques, incluant les fêtes de Noël.
À mon retour en janvier, les décisions n’étaient toujours pas prises et j’ai décidé de quitter le projet.
Les leçons apprises
Voici les cinq grandes leçons que j’ai apprises, tant d’un point de vue personnel que professionnel:
Il faut évaluer les ressources disponibles avant de prendre les rênes d’un projet. Ça peut paraitre simple, mais il y a une grande différence entre les potentiels collaborateurs – qui ont les expertises requises et qui semblent être disposés à prêter main-forte – et les ressources dédiées qui vont réellement contribuer au travail.
“Service design projects are rarely successful if employees have to run them on top of their daily work. This is no different to any other project.”
— Marc Stickdorn, Markus Hormess, Adam Lawrence, Jakob Schneider
Avant de s’engager dans un tel mandat, il faut rejeter toute évaluation budgétaire qui aurait été faite au préalable sans la base d’une analyse approfondie. Si on ne dit rien, on risque de se faire ensuite imposer cette évaluation comme une contrainte.
Un classique: il ne faut pas prendre la pression qui ne nous revient pas. Si le démarrage du projet dépend de l’obtention d’un budget, la responsabilité d’un démarrage lent ou maladroit n’est pas la nôtre.
Quand une organisation n’est pas familiarisée à l’approche Design Thinking et à la co-création, il vaut mieux commencer avec de petits projets. Pour qu’une organisation adhère à l’approche centrée sur les utilisateurs et comprenne sa valeur, le mieux est qu’elle participe au processus. Les décideurs acceptent mieux la part d’incertitude dans la planification d’un projet (comme on co-crée, on ne peut pas tout prévoir à l’avance) une fois qu’ils en comprennent l’intérêt et qu’ils ont vu des résultats concrets. Ils auront du mal à donner leur accord pour un grand projet si l’approche centrée sur les utilisateurs est nouvelle pour eux. Il vaut donc mieux explorer cette approche au préalable avec eux, pour des projets qui présentent de plus petits enjeux budgétaires. Un projet de design a besoin, comme n’importe quel autre projet, d’être accepté et endossé par les dirigeants pour pouvoir fonctionner.
Il est toujours bon de sortir de sa zone de confort et franchement, je l’ai bien fait dans chaque projet de ma vie de freelance. Cependant, partir à l’étranger ajoute au stress (choc culturel, obtention des documents légaux, recherche d’un appartement, dimensions psychologiques, etc.). Il vaut mieux calculer ce stress additionnel et prendre un défi à l’étranger pour lequel on se sent tout à fait à la hauteur.
Un vent de changement
Ainsi, en mars 2018, j’avais quitté l’Université et j’étais de retour à ma vie de freelance, excepté que j’étais à Luxembourg. Le marché pour les indépendants en UX y est beaucoup plus difficile qu’à Montréal. J’avais tout de même une entente avec un nouveau client, mais celle-ci n’a pas abouti. Au lieu de me lancer dans un nouveau grand mandat, j’ai décidé de continuer à travailler avec mes clients de Montréal et de Luxembourg. Ceci me permettrait d’adopter un horaire allégé et de prendre le temps de réfléchir à ma carrière. Après plusieurs années à enchainer les gros mandats, j’avais réellement besoin d’avoir plus de place dans mon horaire de travail pour me ressourcer, lire et réfléchir. D’autres petits mandats se sont présentés d’eux-mêmes à Luxembourg, ce qui fut parfait.
Pendant l’hiver, j’en ai profité pour faire de beaux petits voyages en Allemagne, en Autriche, en Belgique et en France.
Avec le recul, j’ai réalisé que ce que je voulais le plus, c’était rejoindre une équipe. Une vraie équipe composée de collègues en UX et idéalement, d’autres disciplines. Il y a beaucoup d’avantages à être indépendante, mais on ne fait jamais réellement partie d’une équipe.
C’est ainsi qu’un grand processus d’embauche a commencé. Après 12 entretiens d’embauche et trois offres obtenues, je crois avoir trouvé le match parfait chez PwC Luxembourg.
PwC Luxembourg
PwC Luxembourg possède une équipe digitale jeune et dynamique et dispose de l’un des 31 Experience Centres du réseau PwC. C’est un environnement de collaboration et de création exceptionnel. Je passe ainsi de pascalemorneau.com à Price WaterhouseCoopers, l’une des plus grandes firmes de consultation au monde (présente dans 157 pays) et l’un des principaux leaders à Luxembourg. Je suis extrêmement excitée de les rejoindre et de contribuer avec eux à la construction de la pratique UX luxembourgeoise.
La vie à l’étranger étant ce qu’elle est, je dois attendre mon permis de travail pour pouvoir commencer mon nouveau boulot. Ce fut donc une parfaite occasion pour visiter la Slovénie, la Croatie et la Bosnie cet été. La morale de cette histoire, c’est que l’on peut toujours tirer avantage de situations compliquées pour faire ce que l’on aime le plus.